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Sur la voie des plantes, rencontre entre Guayapi et NatureRights

4. Savoirs de la Forêt, 8. Nos Actions| Views: 1172

Dans le cadre de la quinzaine du commerce équitable, Guayapi a accueilli NatureRights pour une rencontre sur le thème du climat. Dans leur charmante boutique du 12e arrondissement de Paris le ton était donné : « Quand on agit pour le commerce équitable,  on agit aussi pour le climat« . Autour d’un cocktail amazonien à base de Warana, l’équipe de Guayapi a présenté leurs actions, de la création de la société à leur engagement auprès des Peuples autochtones pour la préservation des savoirs traditionnels et de la biodiversité.

Pour NatureRights, cette belle rencontre a permis d’échanger sur la situation en Guyane et l’opportunité de mettre en place le Réseau des Savoirs de la Forêt, projet qui encourage la structuration des acteurs du territoire pour la création d’alternatives économiques durables et respectueuses de la Nature et des peuples.

L’action de Guayapi

Guayapi s’est donné pour mission la valorisation de plantes nobles et traditionnelles issues de leurs terres d’origine, notamment d’Amazonie.

La collaboration avec les agriculteurs indiens Sateré Mawé du Brésil a débuté avec le Waranà, communément appelé Guaranà, qui n’était plus commercialisé en Europe depuis la fin du 19ème siècle. Le travail de Guayapi a permis de le remettre sur le marché en 1990 en tant qu’aliment ou complément alimentaire.

Aujourd’hui, la collaboration entre Guayapi et les indiens Sateré Mawé dépasse les simples relations commerciales puisque l’entreprise soutient ce peuple en achetant leur production au prix fort et permet ainsi la mise en place de nombreux projets de développement communautaire.

Les origines du projet Waranà

Le peuple Sateré Mawé est originaire d’Amazonie centrale au Brésil, de la terre indigène Andirà – Marau, démarquée en 1984.

Le projet Waranà remonte aux années 80, au moment où une filiale d’Elf Aquitaine (aujourd’hui TOTAL) lançait une campagne de forages par prospection sismique sur les terres des Sateré Mawé, causant des dommages environnementaux très importants. Une vague de contestation s’en est suivie et pour se défendre, ce peuple a demandé la démarcation de leurs terres, une procédure officielle visant la délimitation physique du territoire au regard de l’état brésilien. 

Les Sateré Mawé ont mené un procès contre Elf Aquitaine, qu’ils ont gagné, obtenant l’expulsion de la compagnie ainsi que des dommages et intérêts pour le préjudice subi. De là est née l’idée de structurer la filière du Waranà, afin de proposer un projet alternatif, de renforcer l’activité des agriculteurs traditionnels et leur capacité d’autogestion et d’autodétermination tout en protégeant leur identité et leur territoire.

La culture du Warana et la préservation de la culture traditionnelle

Le peuple Sateré Mawé se définit comme les héritiers du Warana. Dans leur langue, Waranà signifie le principe de la connaissance et constitue leur dieu, leur religion.

Le Waranà est considéré comme l’oeil de la forêt. Il ne s’agit pas d’un folklore, il s’agit d’une véritable relation entre la plante et ces tribus autochtones qui définit leur identité.  

A travers le projet Waranà, Guayapi peut commercialiser un produit qui garantit une provenance de grande qualité, à la fois respectueuse de la terre et de l’identité des  peuples autochtones, grâce à la sauvegarde des modes de production traditionnels : cueillette sauvage, cuisson douce dans des fours en argile pendant 6 jour set 6 nuits suivi d’une fumigation.

Ce Waranà est produit de façon artisanale et certifié Forest Garden Products, un système international de certification suivant les principes de la Foresterie Analogue. Cette méthode de reforestation respecte les interactions entre les espèces et consiste à replanter selon le « cahier des charges » naturel, d’où le terme « analogue » pour recréer des écosystèmes forestiers, conciliant sauvegarde de la nature et besoins humains.

Plus d’informations sur la foresterie analogue…

Depuis 2007, un site d’écotourisme Sateré Mawé accueille les curieux à la découverte des terres d’origine du Waranà. Pour en savoir plus…

Le projet Waranà et l’autodétermination des Sateré Mawé

Guayapi achète la production de Waranà auprès du Consorcium des Producteurs Sateré Mawé (CPSM). Cet organe a été crée en 2008 afin de défendre les intérêts des producteurs de Waranà en leur permettant de négocier avec les partenaires et de fixer les prix de vente.  Aujourd’hui, 337 familles de productrices et producteurs sont représentées au sein du CPSM.

Le CPSM appartient également au Conseil général des tribus Sateré Mawé (CGTSM), créé en 1987 pour mener à bien la démarcation de la terre indigène d’Andira Marau. Le CGTSM fédère 80 communautés et villages et constitue un organe majeur d’autogestion du territoire et d’auto-organisation communautaire.

Grâce au commerce du Waranà et d’autres produits issus des savoirs traditionnels, les Sateré Mawé ont les moyens de mettre en place des programmes sociaux et environnementaux sur leur territoire, et notamment : l’éducation indigène différenciée, la santé différenciée, la  reconstitution des écosystèmes d’origine en foresterie analogue…

Le projet du Réseau des Savoirs de la Forêt en Guyane

Le projet Waranà est une belle source d’inspiration et permet de donner à voir les impacts vertueux de la mise en place d’une filière agricole respectueuse de la Nature et des peuples qui l’habitent.

En Guyane, la population a été multipliée par quatre en 40 ans et devrait encore doubler d’ici 2040. Le chômage y atteint des records, avec 22% de personnes sans emploi, notamment parmi les jeunes de moins de 25 ans (46% de chômage). Un tiers de la population vivrait actuellement sous le seuil de pauvreté.  

L’économie guyanaise est complexe et les enjeux sont énormes. Alors que le territoire importe dix fois plus qu’il n’exporte, le développement de l’agriculture locale et du secteur agroalimentaire pourrait permettre d’assurer l’autosuffisance de la population. Mais les entraves sont nombreuses, les filières sont peu structurées et peinent à trouver les investissements nécessaires.

Voir plus d’informations dans le rapport Deloitte Le potentiel de développement économique durable de la Guyane de novembre 2018.

L’association NatureRights soutient le projet du Réseau des Savoirs de la Forêt (RSF) afin d’accompagner, développer et valoriser des initiatives locales qui participent à la sauvegarde des identités culturelles, de la nature et des savoirs traditionnels. Le RSF entend promouvoir l’utilisation de techniques agro-écologiques associées aux pratiques traditionnelles (agroforesterie, permaculture, aquaculture) par le biais de l’organisation d’ateliers pratiques favorisant le partage d’expériences entre communautés. A travers la création d’un modèle économique alternatif (coopératives, entrepreneuriat social), le RSF souhaite permettre de pérenniser les projets et leurs impacts sur le développement local, et ainsi renforcent les capacités émancipatrices des communautés.

En savoir plus sur le Réseau des Savoirs de la Forêt…

A découvrir : le projet La Voie des Plantes

A la découverte des plantes d’Amazonie, de leur histoire et de celle des Hommes qui la racontent. Ayahuasca, Warani … les vidéos réalisées par Louis Bidou et Aurélie Marques pour La Voie des Plantes nous font voyager pour mieux comprendre l’origine de ces espèces qui ont façonné l’identité et la culture des Peuples autochtones amazonien.

Tour à tour, nourriture, médecine, objets de mythes, de rituels ou de divination, elles dévoilent la richesse des liens qui unissent l’Homme à son environnement.”, découvrez toutes les informations sur le site internet de La voie des Plantes.

Extrait de la présentation du projet :

“Mais ces plantes sont aussi les points de connexion entre le monde moderne et des modes de vie traditionnels en pleine mutation.  A l’heure de la sixième extinction de masse, l’Occident se doit de repenser son rapport au vivant, d’une logique de domination à celle de coexistence. Dans ce contexte, les populations autochtones nous inspirent un autre modèle possible. Au-delà de l’instrumentalisation et de la fascination, repenser l’interaction entre ces cultures et les dynamiques du monde moderne est aujourd’hui plus que jamais nécessaire.”

Immersion : quelques images du 1er épisode de La voie des Plantes

 

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