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Nono’l Dupowa, un projet agricole innovant inspiré des savoirs ancestraux amérindiens

Sur sa parcelle du village amérindien de Bellevue, Franck Nenesse, agriculteur et président de l’association Nono’l Dupowa développe un projet pilote pour allier des techniques agricoles modernes et des savoirs ancestraux amérindiens.

L’objectif de l’association Nono’l Dupowa créée en 2017 est de dynamiser l’activité économique du village amérindien de Bellevue, dans la commune d’Iracoubo, autour d’un marché communautaire valorisant les productions agricoles et artisanales locales. Pour Franck Nenesse, il s’agit de valoriser les pratiques d’agroforesterie sur la concession collective du village et à terme, proposer un modèle d’autonomie alimentaire durable.

Sur sa parcelle, Franck Nenesse pratique l’agroforesterie, une technique agricole qui associe des plantes et des arbres pour améliorer les rendement de la terre de façon respectueuse pour les sols et évidemment sans intrants chimiques.

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Roucou, banane, papaye, mais aussi des plantes sauvages comme le bois canon, le pois sucré, chaque espèce participe à la richesse et à la fertilité du sol et à la bonne santé des plantes. Selon Franck Nenesse, “il y a une coopération entre les végétaux, il n’y a pas de mauvaise herbe”. Sur son abbatis, il pratique une technique ancestrale amérindienne pour nourrir les plantes grâce aux cendres des arbres brûlés au moment du défrichage du terrain agricole. Cette terre ainsi chargée en cendre et extrêmement fertile est connue en Amazonie sous le nom de “Terra Preta”.

Au lieu de détruire le sol avec des produits phytosanitaires, Franck Nenesse constate avec joie la présence de “ses auxiliaires”, les verres de terre qui se nourrissent dans cette terre chargée en nutriment stimulent l’activité microbienne et labourent naturellement le sol, ce qui rend les nutriments plus accessibles pour les plantations. “Le paysan ne doit pas exploiter le sol, mais travailler avec le sol. Le sol est notre Mère nourricière. La fierté et l’humilité de récolter ce qu’on a fait…c’est phénoménal” rappel-t-il.

Valoriser la production locale, c’est aussi un enjeu de taille pour gagner en autonomie sur un territoire qui dépend à 80% des importations pour sa consommation intérieure ! “Nous peuples amérindiens, peuples premiers on a quand même légué au monde pas mal de produits : pomme de terre, tomate, piment, haricot. Je crois qu’on doit préserver cette fierté, la redécouvrir, la développer et recommencer à produire nos propres produits locaux” souligne Franck Nenesse.

En juin 2018, NatureRights a organisé un premier atelier d’échanges avec la communauté de St Georges de l’Oyapock où Franck Nenesse et Samuel Gunther, vice-président de l’association Nono’l Dupowa ont pu rencontrer les représentants des différentes associations du village amérindien d’Espérance (Association Panakuh, Wacapou, Tinogben…), et ainsi échanger sur les techniques d’agroforesterie et la valorisation des savoir-faire amérindiens. D’autres ateliers sont prévus en au cours de l’année 2019 pour que des liens forts puissent se tisser entre les différentes communautés.

Cette dynamique s’inscrit dans le cadre de la création du Réseau des Savoirs de la Forêt, dont Franck Nenesse est co-fondateur. Il s’agit d’un projet de réseau d’initiatives guyanaises valorisant les savoirs de la forêt, les savoirs traditionnels amérindiens et les pratiques agro-écologiques. L’objectif du réseau est d’apporter un soutien technique et juridique à ces initiatives, de favoriser la création de lien entre les communautés, ainsi que de participer activement à la valorisation de la culture amérindienne en Guyane et dans le monde.

 

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